http://tpetrotteursfrancais.weebly.com/lentrainement.htmlInterviews avec des entraîneurs de chevaux de trot
Interview avec Marco Claeyssens
-Quelle alimentation donnez-vous à vos trotteurs ?
On essaie de garder leur régime alimentaire le plus régulier possible pour qu'ils puissent être à l'aise à l'effort, et prendre un peu de graisse pendant les périodes de repos. Mais le régime change bien sûr pendant les périodes de repos complet.
-Comment gérez-vous les entraînements ?
Durant la période de préparation des compétitions, le cheval est soumis à un entraînement intense, on le sort environ deux fois par semaine comme en condition de course, pour le remettre dans le rythme. Durant la saison de course, le travail est moins intense (footings, travail de fond plutôt que de vitesse) car les courses remplacent en quelque sorte les entraînements.
-Quelles sortes de difficultés peut-on rencontrer ?
Le problème rencontre le plus souvent est la tendinite, en particulier avec les chevaux dont les membres sont fragiles, ou sur des sols trop durs. Il faut environ 6 ou 7 mois à un cheval pour se remettre d'une tendinite. Bien sûr, plus on attend et mieux le tissu des tendons peut se reconstruire.
-Quelle est votre opinion sur le déferrage ?
Plus un cheval est léger en ferrure, plus il gagne en vitesse. Mais on déferre aussi parfois pour d'autres raisons, par exemple si le cheval se touche, on le déferre pour éviter qu'il ne se blesse gravement. Mais sur sol trop dur, cela peut abîmer leurs pieds.
- Comment gérez-vous le problème d'équilibre des chevaux ?
En effet les chevaux peuvent être soit droitiers soit gauchers, et donc ils tournent mieux à gauche ou à droite. Pour remédier à cela, il faut travailler sur les lignes droites pour leur enlever l'appréhension du tournant. Si on les fait trop travailler du coté où ils sont plus faibles, ils développent des défauts, par exemple ils se touchent.
-Comment utilisez-vous le marcheur ?
On utilise le marcheur avant et après l’entraînement pour échauffer et détendre le cheval. C'est donc un outil très utilisé qui permet de mieux travailler le cheval à l’entraînement.
-Comment travailler le cheval sur la vitesse, l'endurance ?
Les "américaines" sont un type d’entraînement qui permet de travailler sur la longueur et non sur la vitesse. On vise un travail pas trop épuisant pour le cheval, mais assez pour faire travailler son cœur. Ou alors on travaille sur de longues distances, par exemple 8 km mais à une vitesse plus lente (1'30" en réduction kilométrique)
Pour travailler sur la vitesse, et bien on fait de la vitesse! Mais il faut faire attention à ne pas déborder le cheval, on court sur de plus courtes distances (2000m)
-Comment savoir si un cheval est prêt pour la compétition ?
Il faut juger de sa condition physique au cours des entraînements. Il lui faut une musculature développée, qu'il ne s'essouffle pas trop. On utilise un cardiomètre pour mesurer sa fréquence cardiaque, et si tout va bien, elle doit diminuer en pleine vitesse. Le cœur se travaille donc, pour diminuer la vitesse cardiaque à l'effort.
-Comment devient-on entraîneur ?
Bien sûr il faut aimer le métier ! En fait il y a deux façons de devenir entraîneur. Soit on peut passer par des écoles, qui apprennent les méthodes d’entraînement, soit on peut travailler dans une écurie et apprendre dans la pratique. Il n'y a pas d'examen.
-Quelles sont les particularités du trotteur ?
Physiquement, le trotteur a une épaule très avancée, un bon trotteur a l'épaule devant le garrot, et ils sont souvent longs, leur colonne vertébrale est longue. Mais on ne peut pas décréter immédiatement en voyant un cheval "voilà un trotteur", c'est plus subtil que ça.
Mentalement, les trotteurs sont plus robustes que les purs sangs, ce qui explique que leur carrière soit plus longue que celle des galopeurs par exemple. Le trotteur a un bon mental, il veut bien faire et continuera de faire son travail, tandis que le pur sang s'arrêtera au premier problème.
-Quelle est la différence entre trot monté et trot attelé ?
Traditionnellement, le trot monté était plus lent, surtout à cause du système de monte, et ce n'était donc pas une catégorie très importante. On y mettait les chevaux les moins performants. Mais avec l'amélioration de la technique de monte le jockey met moins de poids sur le cheval et les résultats s'améliorent de plus en plus. On peut donc engager dans des courses montées des chevaux avec un gros potentiel. D'ailleurs, on pense que le prochain record de vitesse sera battu en monté.
-Avez-vous constaté une amélioration chez les trotteurs ?
Bien sûr, la race de trotteur est une race crée par l'homme et on choisit donc les individus au fur et à mesure. Oui, au cours des 10 dernières années le cheval trotteur a beaucoup progressé dans sa morphologie, et donc dans ses performances.
-Les chevaux restent-ils en box ?
On les met dehors autant que possible, pour détendre leurs muscles. Ils ne sont pas fait pour rester dans une boite de conserve tout la journée!
Interview avec Jean-François Senet
-Quels sont les différents exercices d'entraînement pour les trotteurs ?
Il y a trois sortes d'entraînement basique pour les trotteurs. En promenade, le cheval se prépare grâce à un travail au pas ou au trot. Le jogging, est plus cadencé que la promenade mais sans atteindre la vitesse maximum du cheval en question. Finalement il y a le travail, qui est beaucoup plus intense que le jogging. Le cheval court alors soit à sa vitesse maximale ou juste en dessous. Le cheval court 2 à 3 fois 2000m durant la préparation à la course. On augmente la vitesse au fur et à mesure que le jour de la course se rapproche. Après un effort intense, on met le cheval dans un marcheur pour le décontracter et éviter des courbatures.
-Y-a-t'il un type d'entraînement particulier pour la vitesse, l'endurance, ou la forme ?
Pour la vitesse on utilise le "interval training", qui consiste à forcer le cheval à aller de plus en plus vite, sur des distances de plus en plus grandes. Pour travailler l'endurance, on utilise le travail de fond qui consiste à courir sur de grandes distances. Finalement pour la forme, le cheval l'apprend avec le travail et on le corrige si nécessaire.
-Entraîne-t-on différemment un cheval monté et un cheval attelé ?
Non, il n'y pas de différence. Nous entraînons le plus souvent les chevaux à l'attelé, et une fois que la technique est acquise, on peut décider de les entraîner pour le monté. Mais il est très rare que les chevaux soient meilleurs au monté qu'à l'attelé.
-Les chevaux ont-ils besoin de nourriture spéciale en fonction de leur entraînement ?
Non il n'y a pas de nourriture spécifique pour les chevaux à l’entraînement, le choix de la nourriture dépend de l’entraîneur. On utilise ici des granulés spécifiquement étudié pour les chevaux de courses.
-Quelles difficultés rencontrez-vous souvent? Et comment les résolvez-vous ?
La difficulté qu'on rencontre le plus souvent est un cheval nerveux ou stressé. Un cheval de ce genre peut avoir de très bon temps hors piste, mais une fois sur la piste impossible d'avoir des résultats consistants. Pour résoudre ce problème on utilise un bonnet ou des œillères. Nous répétons aussi des interactions en présence de beaucoup d'individus ou de chevaux, pour que le cheval s'habitue.
-Quel est un exemple de programme d'entraînement ?
Lundi: Jogging + marcheur et paddock (un endroit pour détendre les chevaux)
Mardi: travail de 3x 2000m en 1'40", 1'45" et 1'30"
Mercredi: marcheur + paddock
Jeudi: jogging + marcheur + paddock
Vendredi: travail de 6x 750m en progression de 40", 35", 30", 25", 20", puis à vitesse maximum
Samedi: marcheur + paddock
Dimanche: Rien
-Comment les conditions du sol affectent-elles les chevaux ?
Elles n'affectent pas les chevaux de façon importante, sauf les chevaux sensibles, par exemple à cause d'une blessure, qui seront alors plus performants sur l'herbe que sur les autres types de sol.
Le suivi médical du cheval
Éleveurs et propriétaires dépensent beaucoup d'argent pour produire ou acheter un cheval de bonne qualité. Les chevaux sont donc tous suivis de très près par des vétérinaires équins pour assurer un maintien et l'amélioration de leurs performances. Parmi les points importants à il y a principalement le système cardiovasculaire, respiratoire et musculaire.
Le cœur
Le cœur est de dimension variable selon la taille, la race et l’activité du sujet. Tout dépend de la génétique du cheval et du type d'entrainement qu'il reçoit. Par exemple, un cheval qui est entraîné pour l'endurance a un cœur plus gros qu'un cheval dont l'entraînement est différent. Le cœur d'un cheval fonctionne de la même manière que celui d'un humain. Il y a la systole, lorsque le cœur se contracte pour envoyer le sang dans tout l'organisme, et la diastole, lorsque le cœur se relaxe pour laisser le sang rentrer.
Le sang bleu: sang sans oxygène Le sang rouge: sang oxygénéPlay
Pause
Réponse du cœur à l’entraînement :
-Le cœur a tendance à s’adapter à l’entraînement auquel il est soumis. Ces adaptations diffèrent légèrement selon la discipline du sportif.
-Chez le cheval, on retrouve un rapport entre la taille du cœur et ses performances.
-La fréquence cardiaque est aussi directement proportionnelle à la vitesse du cheval lorsque celui-ci dépasse les 160 bpm (battement par minute). Elle continue à augmenter jusqu'à ce que la fréquence atteigne un maximum donné, qui est situé entre 200 et 240 bpm. Ce maximum est « individu dépendant ». Il n’est donc pas améliorable avec l’entraînement.
- En revanche, il est possible d'améliorer la vitesse qu’un cheval est capable de soutenir lorsqu'il atteint sa fréquence maximum.
La vitesse à laquelle la fréquence cardiaque maximale est atteinte augmente avec l’entraînement. Cela peut être visualisé sur le graphique suivant ; l’entraînement a pour effet de décaler vers la droite les courbes de fréquence cardiaque, FC = f (V).
(Thornton, 1985) Frequence cardiaque (bpm) en fonction de la vitesse (m/s)
-L’entraînement modifie aussi la quantité de certains éléments présents dans le sang, tel que l'oxygène et les déchets produits par l'organisme. Les leucocytes(1) diminuent légèrement en nombre dans le sang.
Les troubles du cœur dus à l'effort :
Arythmie sinusale : Une variation de la fréquence cardiaque, les battements ne sont pas stables.
La tachycardie atriales : Les contractions des ventricules(2) sont plus lentes et donc le débit cardiaque(3) est largement diminué. Elles peuvent être responsables d’une baisse de performance notables.
La fibrillation atriale : C'est l’arythmie(4) la plus répandue chez le cheval. Les contractions ventriculaires sont irrégulières et l’absence de contractions atriales ne permet pas le remplissage ventriculaire total à la fin de la diastole. Elle est donc à l’origine d’une baisse du débit cardiaque, et induit donc une baisse de performance immédiate.
Blocs atrio-ventriculaire de type II : Une arythmie assez fréquente: la contraction ventriculaire n’a pas lieu et la distribution sanguine ne se fait pas pendant un battement. Ce bloc peut disparaître avec le début de l’effort. Il n'y a alors pas de conséquences sur la santé du cheval. En revanche, s’il ne disparaît pas il peut causer une baisse de performance.
Tachycardie ventriculaire : Les contractions ventriculaires sont très rapides et ne permettent pas un remplissage ventriculaire correct. Le débit cardiaque est donc extrêmement réduit. Ainsi, les chevaux atteints ne peuvent en aucun cas être performants.
Fibrillation ventriculaire : La fibrillation ventriculaire est presque toujours un événement terminal. Elle finit par causer la mort rapide du cheval, de manière quasi-certaine, car le cœur est incapable de jouer son rôle de distributeur de sang.
La mort subite : Une mort soudaine et inattendue, due à un mauvais fonctionnement cardiovasculaire, chez un cheval présentant une maladie cardiaque ou non. Lexique
(1) leucocytes: des globules blancs
(2) contractions des
ventricules: les
contractions éjectent le sang dans les artères, ceci marque le début de la
systole
(3) débit cardiaque: la quantité de sang éjecté par le cœur par minute, ceci varie selon la fréquence
(4) l'arythmie:
un trouble caractérisé par une irrégularité
du rythme cardiaque
La fonction respiratoire
La demande métabolique(1) est multipliée par trente environ, lors d’un effort intense. Le volume ventilatoire(2) doit donc augmenter pour répondre à cette demande. La fréquence respiratoire est régulée par de nombreux mécanismes :
Les chémorécepteurs(3): détectent le % CO2, le % O2, et le pH sanguin.
Le système nerveux central: par l’intermédiaire de la thermorégulation et du comportement (stress), il influence la fréquence respiratoire.
Malgré tous ces mécanismes d’adaptation, la consommation maximale d’O2 ne s’améliore que d’environ 15 à 30% avec l’exercice. En réalité la capacité aérobie(4) du cheval augmente plus grâce aux adaptations musculaires pendant l’entraînement. Ainsi, de nombreuses études ont montrées que la fonction respiratoire est le facteur limitant majeur de la performance sportive chez le cheval. Lexique
(1) la demande métabolique: la demande qu'a l'organisme sur la consommation d'oxygène
(2) volume ventilatoire: volume d'air inspiré ou expiré par les poumons dans un temps donné
(3) les chémorécepteurs: une entité qui est sensible aux stimulations chimiques
(4) capacité aérobie:elle représente la capacité de l’organisme à soutenir un pourcentage donné de VO2max pendant une période prolongée
Le muscle et ses différents types
Le saviez-vous ?
Le cheval, de part son passé d’animal de proie, est parfaitement adapté à la fuite et donc à la course, d'effort intense et prolongé. Ces caractéristiques ont ensuite été sélectionnées et améliorées par l’homme.
La masse corporelle du cheval est composée à plus de 50% de muscles. Les performances athlétiques sont donc largement liées à la proportion de fibres musculaires adaptées à la discipline que pratique le cheval. On reconnaît trois principaux types de fibres et des mélanges des trois:
Le type I : Elles correspondent aux fibres des athlètes de fond, elles sont efficaces et économiques dans les mouvements répétés et peu violents. Les chevaux d’endurance ont plus de fibres I que les purs sangs ou les trotteurs.
Le type II X : Elles ont moins de capillaires(1) que les fibres de type II A, mais peuvent se contracter trois fois plus vite. Elles sont donc employées pour les efforts de puissance de courte durée, tel que le sprint.
Le type II A : Elles sont très capillarisées et contiennent un nombre élevé de mitochondries(2). Elles sont donc capables de soutenir un effort intense plus longtemps que les fibres de type II X.
Le type I + II A et le type II AX : Elles sont les formes intermédiaires des trois principales. Lexique
(1) capillaires: de petits vaisseaux dans lesquels le sang coule et où se déroulent les échanges de nutriments avec les cellules
(2) mitochondries:
l'organite responsable pour la production d'énergie dans une cellule
Pourcentage de fibres I, IIA et IIX au fur a mesure de l'entrainement pour les cheveaux trotteurs :
Pourcentage de fibres I, IIA et IIX du cheval Trotteur avec l'effet du sexe :
Les fibres du compartiment dorsal sont nommées I D, IIA D et IIX D. Les fibres du compartiment ventral sont nommées I V, IIA V et IIX V.
L'équilibre du cheval
-Tout comme les humains, les chevaux peuvent être droitiers ou gauchers. Le diagonal gauche (antérieur gauche et postérieur droit) ou le diagonal droit (antérieur droit et postérieur gauche) prendront alors l'avantage sur l'autre diagonal.
-Les chevaux droitiers sont donc avantagés si la piste tourne "à main droite" (la main droite du jockey est du coté l'intérieur de l'hippodrome) puisque leur antérieur droit plus musclé leur permet de garder leur équilibre dans les tournants.
-Si le cheval est déséquilibré, il risque de perdre de la vitesse, par exemple en se décalant vers l'extérieur du tournant. Ce défaut peut être crucial au cours d'une cours, puisqu'être "à la corde" (le plus près possible de l'intérieur de la piste) permet de réduire considérablement la distance à parcourir autour de la piste.
- A l’entraînement, on tente de muscler les diagonaux de manière égale pour éviter de perdre de l'équilibre dans les tournants.
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Les conditions du sol
-Il y a trois types de sol utilisés dans les hippodromes:
-Le mâchefer, le plus utilisé, est composé de résidus de combustion du charbon, ou de déchets dans les usines d'incinération. Il est utilisé dans les plus grands hippodromes, comme l'hippodrome de Vincennes, car il allie le confort pour les pieds du cheval à une certaine fermeté qui permet au cheval de ne pas perdre de vitesse.
-La terre battue ralentit les chevaux car elle ne permet pas un appui assez solide pour le cheval (elle se tasse), et le choc du contact avec les antérieurs se répercute alors dans les pieds et les articulations du cheval. Cela peut causer à long terme des problèmes d'articulations ou des pieds du cheval.
-L'herbe quand à elle est idéale pour les chevaux ayant des pieds fragiles: elle absorbe le choc du contact avec le sol. Mais du fait de cette caractéristique, elle ralentit aussi les chevaux.
Sources
http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=863http://oatao.univ-toulouse.fr/3062/1/Jan_3062.pdfhttp://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=539http://cheval.simoun.net/html/veto.html